KYNA VERGER
L'hypnose Ericksonnienne
Milton H. Erickson (1901-1980) est probablement le plus connu des psychiatres novateurs en ce domaine. Déjà en I923, il rencontrait au cours de ses études de médecine, l’un de ses Professeurs de Faculté C. Hull qui pratiquait et enseignait l’hypnose. Au cours de sa vie, Erickson a développé une pratique psychothérapeutique et hypnothérapeutique de plus en plus affinées dont se sont inspirées :
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L’école de Palo Alto qui jeta les bases des théories modernes de la communication humaine, normale et pathologique au point de départ des thérapies systémiques et familiales.
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La programmation neuro-linguistique (PNL)
Cette pratique thérapeutique a amené Milton H. Erickson à étudier la communication en hypnose, qu’elle soit verbale ou non verbale et à faire d’intéressantes observations et créations. L' "hypnose sans hypnose" est une application de ces procédés communicationnels en dehors de toute utilisation "formelle", rituelle, de l’hypnose (du type : « maintenant nous allons faire de l’hypnose : Asseyez vous confortablement, etc.). M. H. Erickson a ainsi donné aux thérapeutes un outil très performant que ceux ci peuvent ajouter à leur pratique, que soit leur grille de lecture préalable. D’où l’intérêt d’étudier ses techniques hypnotiques même si c’est pour ne jamais utiliser l’hypnose formellement.
Dans le domaine de l’hypnothérapie, Milton H. Erickson publia plus de 150 articles scientifiques, fruits de son travail de recherche et de sa pratique clinique en institutions et en privé. Il est l’un des fondateurs de l’ « American Society for Clinical Hypnosis » dont la revue fait encore autorité aujourd’hui.
On peut parler d’hypnose avant et après Erickson, tant celui-ci révolutionna les conceptions et les méthodes de l’hypnothérapie. S’il fut un thérapeute réellement hors du commun, c’est probablement par la somme de travail, de créativité, de perspicacité, d’ obstination et d’humanité qu’il déploya avec ses malades, utilisant l’hypnose d’une façon infiniment moins directive, plus permissive que l’hypnose « ancienne ». Loin de vouloir imprimer, comme dans l’hypnose autoritaire, ses directives thérapeutiques au patient, en « torpillant » le symptôme, il s’attache à traiter dans l’inconscient du patient les ressorts, la dynamique de la maladie et ce, en mobilisant les ressources propres du patient, en employant ses croyances et son langage. C’est l’aspect utilisationnel de ses thérapies. Ainsi, plutôt que de souligner les déficits du patient, de voir dans son inconscient un réservoir de refoulé, de traumatismes, de culpabilité, il le considèrera, selon son expression, comme un « grand magasin de ressources » appartenant au patient mais que celui ci était jusque là incapable de mobiliser : il reconnaîtra ces potentialités positives, ces compétences, il les renforcera et les utilisera à la résolution du problème.